1. Les effets de l’apprentissage d’un instrument de musique sur le cerveau.
Nous voyons la musique et son apprentissage comme finalité. Cette généralité peut être grossière pour certains, mais il est vrai que nous apprenons un morceau ou une oeuvre pour la restituer. Si nous avons la chance d'apprendre un instrument, le système d'enseignement attend de nous une représentation (écoles de musique, conservatoires, orchestres...). C'est cette représentation, son succès ou son "insuccès", qui définit notre place dans le système artistique. Par exemple, si l'orchestre d'harmonie amateur a "bien" joué, c'est un bon orchestre. Nous aurons donc plaisir à venir l'écouter de nouveau. Dès lors, la pratique instrumentale est liée au spectateur. L'émetteur trouve son sens et sa qualité dans le retour que lui fait le récepteur. L'apprentissage de la musique et sa qualité sont donc liés au retour que l'on a de la représentation. Mais si la musique n'était pas seulement conditionnée à sa seule finalité artistique ? Si la musique était avant tout un outil pour l'homme dans son quotidien personnel et professionnel ? Si la musique était un facilitateur ? Si la musique était un vecteur de progression ?
La plasticité cérébrale et la musique permettent de développer la neurogènese (chez l’enfant) ou neuroplasticité (chez l’adulte)[1]. Ce processus a été longtemps ignoré. Nous pensions avoir un capital de neurones à la naissance et que celui-ci diminuait dès lors que le cerveau arrivait à maturité. Même si, des études démontrent que le cerveau de l’enfant crée plus rapidement ses neurones qu’un adulte, le cerveau mature adulte et vieillissant continue à créer et entretenir son système neuronal grâce à l’entrainement cognitif.
Un jeune adulte qui apprend le piano montre une réponse électrique corticale plus importante que celui qui a simplement assisté à ces progrès. Cependant le développement cognitif n’est pas égal d’un cerveau à l’autre. Si l’on note une augmentation cognitive en masse ou en intensité électrique, la vitesse de progression dépend des prédispositions[2] [3].
Une étude intéressante sur ce sujet a été faite avec 4 groupes d’enfants. Le premier groupe apprenait le piano, le seconde groupe le chant, le troisième le théâtre et le dernier ne faisait rien. L’étude montre qu’après 38 semaines de cours, nous constations une augmentation de 2 à 3 points de QI sur une échelle de 10 pour les enfants qui prenaient des cours de musique. Nous notons aussi une plus grande sensibilité à la prosodie avec les cours de musique et une augmentation de l’empathie. Nous ne notons pas d’éléments significatifs sur les autres groupes. Cette étude illustre très bien que la musique permet de maintenir et de faire évoluer les capacités du cerveau humain[4].
Simon Dufour
Sources :
[1] évolution du cerveau et création de réseau de neurones
[2] « Apprendre la musique, nouvelles des neurosciences »
[3] http://www.lepoint.fr/privileges/culture/quand-la-musique-est-bonne-pour-le-cerveau-30-10-2015-1978011_2580.php
[4] sources : « Les bienfaits de la musique sur le cerveau », chapitre 8 « pratique musicale et plasticité cérébrale »
2. La QVT
La QVT (Qualité de Vie au Travail) devient un enjeux important pour nos entreprises. Nos pages LinkedIn nous propose une quantité d'articles à ce propos toujours plus important. Si nous faisons la synthèse, la QVT est souvent synonyme d'apports extérieurs comme du coaching en développement personnel, yoga, salle de sport d'entreprise, journée "famille". L'apport extérieur, extrinsèque à un effet immédiat non négociable. Que reste-il de ses actions quelques mois plus tard ? Trop souvent, les bonnes résolutions se sont effritées avec les jours et les semaines.
Et si la solution pour augmenter la QVT était dans le salarié lui même ? Si nous changions l'apport extérieur par un changement qui vient du salarié ? L'apport nouveau pour améliorer la QVT peut venir du salarié lui même. Si l'on est prêt à ne pas avoir un effet immédiat "WOW" (il faut bien faire quelques concessions... ), l'apprentissage de la musique répond totalement à la démarche de QVT et le collaborateur devient acteur de son développement.
Intéressé par cette réflexion ? Lisez la suite !
Un adage bien connu nous dit que « la musique adoucit les mœurs » Est-ce exact ? Il semble que celui-ci ne soit pas tout à fait juste. La musique est bien plus que cela. (1)
Pour mieux comprendre cette phrase, intéressons-nous au schéma métabolique du stress chez l’homme. L’hormone du stress est le cortisol. Lors d’une mise en stress, l’organisme produit du cortisol. C’est une réaction métabolique ancestrale qui prépare au combat ou à la fuite. Après la situation de mise en stress, l’hormone reste présente dans l’organisme. Nous sommes donc sur nos « gardes » sur le « Qui-vive ». Ecouter de la musique ou en jouer, permet de réguler le niveau de cortisol dans l’organisme notamment en sécrétant de la dopamine qui vient neutraliser l’effet du cortisol. La musique permet de faire baisser le niveau de l’hormone du stress. Cet exemple illustre bien que la musique adoucit les mœurs même si reste à nuancer.
De récentes recherches montrent que la musique a pour effet d’augmenter la libération de dopamine dans notre cerveau. Ce neurotransmetteur est impliqué dans tous les comportements de recherche du plaisir. Il s’agit d’un acquis cérébral très ancien. En effet, nous trouvons de la dopamine dans tout le monde animal vertébré. Le plaisir musical est très individualisé et subjectif. Il dépend de la culture et de la société dans laquelle l’homme vit. La satisfaction et le plaisir entrainant la motivation, plus l’on crée de dopamine, plus on se motive, plus on agit, plus on se motive, plus on agit... Nous créons ainsi un cercle vertueux qui entretient et développe la motivation personnelle. La synthèse de dopamine dynamise la création ou l’activation de circuits neuronaux alternatifs. Cela permet donc d’entretenir et de développer les capacités cognitives et comportementales de l’individu. Le rôle et l’effet de la dopamine dans l’écoute d’une musique sur le corps humain nous permettent donc d’expliquer pourquoi la musique existe dans toutes les sociétés humaines (2) depuis toujours.
La dopamine n’est pas le seul neuromédiateur impliqué lorsque nous écoutons ou jouons de la musique. La sérotonine apparait aussi dans le circuit de la récompense (base de la plupart des antidépresseurs actuels depuis le Prozac), sans oublier les opiacées (dont la morphine), les endorphines. Toutes ces molécules sont à l’origine du frisson musical qui nous donne l’impression de « chair de poule ». Elles inhibent également l’activité des structures cérébrales excitatrices. Elles sont donc à l’origine des effets tranquillisants et antalgiques de la musique. D’après une étude, nous voyons nettement l’augmentation des endorphines dans la salive des musiciens. La musique, par son effet sur le corps humain, est universelle et un fondamental de l’être humain (3).
Enfin il est à noter que la musique et le langage représentent des évolutions ayant permis l’installation d’une vie sociale, mais ces deux fonctions dérivent d’un unique système de communication ancestral comme les cris et les gestes expressifs. Ces deux systèmes se sont vraisemblablement séparés sur la cartographie cérébrale, car la pathologie neurologique montre qu’une lésion temporale gauche entraîne une altération importante du langage (aphasie), alors qu’une lésion temporale droite entraine un déficit de traitement de l’information musicale (amusie). Malgré cette séparation anatomique, les mécanismes d’apprentissage du langage, chez l’enfant, passent de manière universelle par la musique (par le biais des berceuses). La réciproque est également vraie car l’apprentissage d’un instrument de musique se réalise en général à partir de l’âge de 4-6 ans, une fois que les bases du langage sont largement posées.
En Bref...
La musique et son apprentissage permet au collaborateur de synthétiser des molécules essentielles pour développer sa Qualité de Vie au Travail :
- Dopamine
- Sérotonine
-Morphine et autres endorphines
-Sans oublier le fait que de faire de la musique permet de maîtriser son taux de cortisol (hormone du stress) et ainsi être plus concentrer (focus) après.
La musique et son apprentissage est un outil multi facette qui répond aux enjeux des entreprises de demain.
Simon Dufour
Sources :
1 « Les bienfaits de la musique sur le cerveau », p84
2 « Sérénade pour un cerveau musicien », p113 et p114
3 "Anatomically distinct dopamine release during anticipation and experience of peak emotion to music"
3. L'apprentissage musical et la plasticité du cerveau
Définition :
capacité du cerveau à modifier sa structure, ses fonctions et sa connectivité pour améliorer un état ou une tâche.
Pour faire court : c’est la formation de neurones, synapses, densité de la colonne vertébrale.
De multiples études par neuro-imagerie ont démontré que la pratique musicale (instrument ou chant) modifie l’organisation du cerveau dans les cortex auditifs, somatosensoriel et moteur, chez l’enfant ou l’adulte. (Augmentation de la matière grise et blanche)
Effet social et sociétal de l’apprentissage de la musique
Une étude démontre qu’un adulte qui prends des lecons de musique sur 15 semaines montre une meilleure performance comportementale. (Dalla Bella 2016)
L’expertise musicale (pratique de la musique pendant un laps de temps de plusieurs années) entraine une meilleure résistance sur des fonctions cognitives non musicales telle que :
Le processus du langage, les fonctions exécutives et les processus de mémoire.
D’autre part, la pratique musicale récurrente augmente la résistance au vieillissement cognitif. Ces études indiquent donc que ces changements se font rapidement et ce à différents stades de la vie si l’entrainement musical est constant.
Le mouvement et l’apprentissage de la musique
Le rythme auditif permet de synchroniser la marche. (Armée : Marche au pas et chant) C’est l’entrainement neuronal : nos oscillations neuronales internes sont capables de modifier leur fréquence pour se synchroniser sur des oscillations (musicales et rythmiques) internes.
Synthèse
L’apprentissage de la musique permet de travailler en profondeur et dans le temps la plasticité cérébrale.
Une meilleure plasticité cérébrale permet de mieux appréhender :
- le mouvement
- le langage
- la mémoire
La musique est un outil important pour les interventions neuro-réhabilitatives.
Simon Dufour
Sources :
ALTENMULLERE. O., MARCO-PALLARES J., MUNTE T. F., SCHNEIDER S. (2009) : "Neural reorganization underlies improvement in strocke-induced motor dysfunction by music supported therapy" 395-405
BALBAG M. A., PEDERSEN N. L., GATZ M. (2014) : "Playing a musical instrument as a protective factor against dementia and cognitive impairment : a population – based twin study".
CAJAL S. R. Y., PASIK T., KARTEN H. J. (1999) : "Texture of the Nervous System of Man and the Vertebrates : Vol I", Nature, 235-235.
DALLA BELLA S. (2016) : "Music and brain plasticity", The Oxford handbook of music psychology, 325.
FERRERI L., VERGA L. (2016) : "Benefits of music on verbal learning and memory. Music Perception : An Interdisciplinary Journal, 34", 167 – 182.